mercredi 21 décembre 2016

Le Pérou c'est l'aventure! Etape 3 : les cités Incas

Cuzco, ce nom n'est pas celui imaginé pour un film d'animation, mais bien la véritable cité impériale qui servait de capitale aux empereurs Incas !
En arrivant là on se retrouve ainsi au coeur des vestiges de la civilisation la plus puissante d'Amérique du sud à son époque. En effet, si Cuzco était le coeur politique et religieux des Incas, de nombreuses villes, forteresses, temples, maillent l'arrière pays de Cuzco et constituent autant de possibilités d'excursions.
Mais il y a bien un site qui surpasse tous les autres : le Machu Picchu.



L'emblématique, énigmatique, énergétique, mythique cité des nuages, perchée parmi les condors dans les Andes, attire tel un aimant les foules de toute la planète. Un tourisme plutôt haut de gamme d'ailleurs, ce qui se ressent sur les prix pratiqués par les descendants des Incas...

C'est ainsi que nous débarquons à Cuzco, la ville incontournable pour préparer son excursion Andine. Aucun problème pour se loger, les hôtels débordent dans les rues, et il faut bien chercher, voire négocier, chose plutôt rare au Pérou, pour avoir un prix adapté aux voyageurs. Mama et Papa Cuzco, nos hôtes bien bavards nous accueillent pour 70 soles dans leur hôtel familial à deux pas du centre, c'est parfait même si l'eau est coupée la nuit...

Cuzco en elle même est une ville fort agréable, grande et bien équipée pour les visiteurs, elle offre de quoi flanner et visiter agréablement pendant 2 à 3 jours tant les intérêts se trouvent à chaque coin de rue.




 Aller au Machu Picchu, oui mais comment?

Immédiatement nous sortons en ville pour préparer notre excursion au Machu Picchu. A partir de là commence la migraine. Des dizaines d'agences se bousculent dans les petites rues pour vous proposer tous les moyens possibles d'accéder au Machu Picchu :

- le fameux treck des Incas pour les passionnés. On marche 4 jours parmi les ruines en prenant le chemin d'accès original du site.

- le treck du Salcantay pour ceux qui n'ont pas la chance d'avoir une place dans le premier treck. Puisque le treck des Incas est limité en nombre, impossible à faire sans agence, et qu'il est complet 6 mois à l'avance !

- Le Jungle trail pour les jeunes en mal de sensations fortes : descendre un dénivelé de 2000m en vélo, faire de la tyrolienne au dessus du vide, une rando de 10h. C'est une idée parfaite pour arriver exténué au site et ne pas en profiter !
- le train pour les plus fortunés... puisque le train Cuzco - Machu Picchu (Agua Calientes) est la ligne de passager 2e classe la plus chère du monde.



Tous ces tours ont donc des points en communs, ils sont plutôt honéreux pour le contenu, et/ou vous faites tout cela en groupe pendant plusieurs jours. Oubliez alors la découverte du site tranquille en amoureux en prenant le temps de vous perdre dans les ruines mysterieuses.
Contre toute attente, il existe un moyen d'accès au site dont personne en ville ne vous parle, c'est d'y aller par vous même ! Prendre un ou deux bus, marcher deux heures, et vous voilà avec Estaban dans les Cités d'Or. Le problème c'est que l'information fiable et constante sur le parcours à faire n'existe pas. Chacun sur les forums y va de son expérience qui est toujours différente... Mais le Pérou c'est l'aventure, donc il faut se lancer et voir en route !

A partir de là, la théorie nous dit que :

- De Cuzco, un ou plusieurs bus doivent nous faire passer par Ollantaytambo, Santa Maria, Santa Teresa, Hydro Electrica. 8h de route.
- Hydro Electrica est la fin de la route, et le départ du sentier qui mène à Agua Calientes. 2h30 de marche.
- Agua Calientes est la ville-hôtel en bas du Machu Picchu, accessible par le train ou la marche seulement.
- le billet d'entrée s'achète dans les agences du ministère du tourisme à Cuzco ou à Agua Calientes, voire dans les agences, mais pas à l'entrée même du site.

Jour 1 : départ pour deux ou trois jours d'excursion... Peut être

Le matin du 15 novembre nous partons de bonne heure à la gare routière pour Ollantaytambo à 20mn à pied du centre ville. Les minibus partent continuellement pour cette ville à 1h20 de route, et pour 10 soles par personnes.
Le paysage est superbe, on sort de Cuzco située dans une cuvette pour franchir une petite barre montagneuse où s'égrènent les petites fermes en brique de terre. Le vert amande s'étire à perte de vue, parsemé de culture où la terre fertile, grasse et ocre émerge par endroit. De grosses pierres isolées ponctuent ce jardin des Incas.

Arrivés à Ollantaytambo à 10h, le bus nous dépose sur la grande place carrée du village. Nous visiterons les vestiges locaux au retour puisqu'un autre bus part immédiatement pour Hydro Electrica pour 50 soles à deux! C'est notre chance ! Ce bled est le départ du sentier qui mène à la ville d'Agua Calientes, et ce chauffeur y va directement ce qui nous évite des changements dans les villages sur la route.

Et nous voilà partis dans une camionnette Renault Master flambant neuve à l'assaut de la montagne. Le terme est d'ailleurs particulièrement adapté puisque la route s'embarque immédiatement dans une succession de virages impressionnants pour franchir un col situé à 4 200m ! 2000m de dénivelé plus haut nous franchissons la passe de Malga avec un glacier qui coiffe la montagne. Mal de crâne immédiat que la Coca peine à dissiper, et seul le paysage d'une rudesse grandiose nous évite d'avoir le mal de la route. Plus aucun arbre, seulement une herbe rase qui peine à s'accrocher aux rochers gris argent, des brumes d'altitude qui virevoltent au gré du vent puissant, et au milieu de cette désolation, une enfant qui joue à la poupée dans un virage. Aussi incroyable que cela puisse paraître,des Indiens vivent là, dans de microscopiques fermes. Chapeau, tresse, jupe, accoutrement immuable quelles que soient les conditions à affronter. C'est fascinant.

Le passage du col est suivi par une descente aussi importante que la montée. Longue et sinueuse, la route est interminable. Nous doublons les nombreux clients du Incas Jungle Trail qui s'accrochent à leur guidon et font désespérément confiance à leur VTT pour arriver intacts en bas des 2 500m de descente. Avec le froid, le vent, les virages incessants, le potentiel mal d'altitude, les camions qui vous doublent, on ne peut qu'admirer le génie commercial du mec qui a réussi à faire accepter aux étrangers de payer 200€ pour ça...
Notre chauffeur roule vite et bien et nous dépassons Santa Maria rapidement lorsque la végétation reprend vigueur plus bas dans la vallée. Arrivés à Santa Teresa nous stoppons les machines pour se dégourdir les jambes et manger un morceau. Il fait très chaud dehors, le soleil tape fort, et le petit village poussiéreux vit au ralenti. Les écoliers en uniforme rentrent chez eux. Colants de laine pour les filles, chemise manches longues avec gilet pour les garçons, pendant que nous transpirons à grosses gouttes ; nous ne sommes pas fait du même bois !


Nous continuons la route qui n'en est plus une après cette bourgade puisque notre carrosse s'embarque sur une piste de terre qui grimpe un coteau pour suivre la rivière. La piste monte alors pour trouver une voie creusée à flanc de montagne. A peine suffisante pour se croiser, parsemée d'éboulis, sans glissières de sécurité, nous longeons le précipice qui s'arrête presque à la verticale 400m plus bas. Le chauffeur n'a pas le droit à l'erreur, nous espérons qu'il a pris du café ou de la coca, voire les deux, pour avoir de bons réflexes.
15h, nous arrivons dans un nuage de poussière à Hydro Electrica, une station de production d'hydro-électricité, après 7h de trajet qui nous aurons fait franchir un col à 4200m.
Est ce que ce périple nous amène au départ d'une randonnée perdue ? Pas le moins du monde!
Des dizaines de vehicules, une centaine de touristes sont là, revenant tous d'Agua Calientes après avoir visité le site. Des bars, des restaurants, des marchands ambulants de toutes parts. Le train est devenu si cher que les visiteurs se rabattent sur l'accès piéton!


A contre courant, nous remontons alors la file de randonneurs en suivant les panneaux le long de la voie ferrée. Nous voilà partis pour 10km de marche sur les rails le long d'une petite rivière paisible. La voie serpente au creux des montagnes abruptes, recouvertes par endroit de végétation luxuriante, après quelques kilomètres le flot de marcheurs s'arrête et nous voilà seuls dans le silence des montagnes.
Enfin, pas tout à fait, puisque de microscopiques bêtes noires se déposent sur notre peau à chaque arrêt. Totalement indolores, quasi immobiles, minuscules, ces inoffensives creatures au premier regard sont en réalité une peste de premier ordre ! Les "black bugs" vous sucent le sang et laissent un bouton énorme qui s'accompagne de démangeaisons aiguës ! Nous croisons ainsi des filles ayant marché en short avec les jambes recouvertes de plaques rouges ! Ces bougres s'attaquent à nos bras, nous marchons alors sans pause les 2h30 de trajet jusqu'à Agua Calientes.


Arrivée aux pieds du Machu Picchu, Agua Calientes

Cette ville, qui n'existe que pour le Machu Picchu, permet de loger les travailleurs locaux et les touristes.  La journée déjà bien remplie se termine par une chasse à l'hôtel pas trop cher. Heureusement, ce n'est pas la haute saison et à 100 soles nous posons pas mécontents, les bagages entre la voie ferrée et la rivière.
Le sentiment du devoir accompli, nous partons acheter nos billets à l'agence du ministère du tourisme installé en centre ville, quand soudain, fanfare et tambours déboulent en ville ! Nous comprenons alors que n'est pas le folklore local mais une manifestation. Les Indiens locaux protestent contre les prix du train Perurail devenu inaccessible pour eux alors que le billet ne coûtait rien il y a plusieurs années... avant que l'entreprise national ne soit privatisée! Résultats immédiats, les militaires surgissent, ferment la guichetterie du Machu Picchu et les commerces baissent leurs rideaux en signe de solidarité. Nous voilà sans tickets pour demain, et sans commerces pour manger ! Tout ça pour ça !!!!
Nous ne nous laissons pas abattre et allons dans la partie haute de la ville, où les locaux vivent, pour trouver du pain et du fromage qui nous feront un casse-croûte revigorant. On verra demain pour les billets...

 Jour 2 : la découverte du site

Le lendemain 4h30, réveil pour aller voir le Machu Picchu au petit matin. Les lueurs du jour qui approche éclairent déjà de manière surprenante la ville et les ombres qui s'y promènent. Ce sont les chauffeurs de bus et les téméraires qui préfèrent monter l'escalier d'accès au site plutôt que de payer la navette.
Nous filons au guichet acheter nos billets d'entrée. Les militaires sont toujours là mais les manifestants dorment toujours, ouf!

Au choix on peut acheter :
- l'accès au site seul,
- l'accès au site + l'accès à la "vieille" montagne, la plus haute, au sud du site,
- l'accès au site + l'accès au Wayna Picchu, la petite montagne au nord du site.
L'intérêt de monter sur l'une des montagnes est d'avoir une vue plongeante sur le site. Toutefois ces entrées ont toutes un quota journalier, et avec 400 places le Wayna Picchu est complet depuis 2 semaines! Donc nous partons sur l'ascension de la vieille montagne, lors du créneau de 8h, c'est précis et il faut le respecter, car sinon on vous refuse l'accès ! Pas commodes les Incas !


Quant à la question: dois je monter à pieds d'Agua Calientes jusqu'au Machu Picchu ? La vraie question à se poser est : est ce judicieux de grimper 2h un escalier abrupte avant de devoir arpenter un site qui ne comporte que des escaliers pendant 3 à 4h ?
Le billet de bus à 8$ l'aller sont en vente au dépôt de bus en bas de la ville, ou à la guérite à côté du pont de chemin de fer dans le centre. Achetez les dans cette cabane car tous les autres font la queue à la gare de bus !
A ce stade on rentre dans la phase obsessive de "contrôle des papiers d'identité". On doit présenter son passeport partout! Pour acheter votre billet d'entrée, pour acheter votre billet de bus, pour monter dans le bus, pour entrer dans le site, pour accéder à la montagne! En gros, n'oubliez ou ne perdez pas votre passeport sinon c'est journée à Agua Calientes !
Après 15mn de lacets qui nous font prendre une hauteur incroyable, où la ville d'Agua Calientes devient minuscule, où on remercie la lueur qui nous a dissuadé de monter cette pente à 40%, on arrive prêt à l'entrée.

Nous partons directement à la tour de garde, un superbe point de vue sur le site.
On découvre alors le Machu Picchu en entier.


La ville est perchée en haut d'un éperon rocheux dont le sommet est formée d'une minuscule plaine creusée en son centre. À droite et à gauche quelques cultures en terrasses descendent vers le précipice avant que le vide s'ouvre brutalement sur 400m de chute libre. Au nord et au sud, deux pics tels la proue et la poupe d'un navire, s'élèvent inégalement pour encadrer le site. Les Incas y voyaient la forme de profil d'un felin prêt à bondir.
Sur ce plat improbable, c'est une vision surréaliste que de contempler une véritable cité de pierre, organisée d'une manière aussi sophistiquée. Quelle vision avant gardiste, volonté divine, force cyclopéene, a pu donner aux hommes de ce temps les moyens de réussir ce projet aussi fou? Ni les pentes, ni l'altitude, ni l'isolement total n'ont constitué une barrière à ce rêve mégalomane. Si les freins pour s'installer ici parmi les nuages et les condors n'étaient rien, les motivations devaient être puissantes.

Une fois parmi les ruines, on déambule dans un dédale de ruelles pavées qui montent et descendent. Des temples, des fontaines, des habitations, des entrepôts, des culltures, chaque centimètre carré du lieu est utilisé pour exploiter l'espace au mieux, ou selon les croyances Incas. Dans une topographie si adversaire, ils ont réussi à faire rentrer tout ce dont une ville royale avait besoin pour y vivre en totale autonomie. Non seulement c'est une planification urbaine complexe, sans compter la situation atypique, mais la réalisation est saisissante.






Ce ne sont pas seulement quelques bicoques en pierres sèches qui s'alignent, ce sont de monumentaux temples faits de pierres énormes, qui s'emboîtent sans l'espace d'un cil entre elle. Il est presque difficile de croire que les murs ne soient pas d'un seul bloc lorsque l'on contemple la surface superbe des façades au relief et au motif si géométriquement parfaits.




Au milieu de tant de réalisation mathématique, on y découvre ce qui continue à faire les enigmes du Machu Picchu, tel cette Pierre dite Intihuatana aux formes si mystérieuses que seules des hypothèses sont émises à son sujet. Science, croyance et cosmologie se mêlent à 2400m d'altitude, et la Cordillère des Andes gardera à jamais un part de secret.



C'est ainsi que l'on quitte le Machu Picchu, impressionnés par la combinaison d'une réalisation humaine exceptionnelle dans un lieu naturel hors norme...




>> Quelques généralités :
- le lever de soleil : magique seulement si le site est dégagé de nuages ! Ce qui est loin d'être la normal
- les nuages se découvrent quelques minutes après le lever du jour, et reviennent 2h plus tard
- le principal intérêt de l'ascension d'une des deux montagnes est la vue d'ensemble du site dans son cadre.
- réclamez une carte du site si vous n'en avez pas, et partez découvrir le site selon vos envies, ou votre heure d'entrée sur la montagne ou le Wayna Picchu !
A noter que les agences peuvent vous proposer de vous arranger les transports jusqu'à Hydro Electrica, ne le faites surtout pas! C'est l'assurance de payer pour un service que vous n'allez pas maîtriser. Il y a suffisament de chauffeur sur la route en chasse de touriste à prendre en charge

 Partie 1 - Partie 2

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