mercredi 28 octobre 2015

Visiter la Cité interdite

 Il y a des visites de palais qui frappent longtemps après les avoir vues. Les somptueuses
faiences du palais Istanbuliote de Topkapi, les ruines de marbre monumentales du palais Croate de Diocletien, les voutes du palais Teutonique de Malbork... et puis il y a le gigantisme de la cité interdite : le plus grand palais du monde. D'ailleurs il ne faut pas longtemps pour le croire, les milliers de personnes faisant la queue pour rentrer vous le prouve... Une fois dans le flot de visiteurs qui se bousculent, Chinois principalement, le gigantisme se confirme en bas des murailles.



La cité Interdite est un immense quadrilatère entouré de hautes murailles à créneaux donnant sur de larges et profondes douves. L'accès se fait par la porte du midi, qui n'a rien d'une porte, même fortifiée! En forme de U, c'est plutot un énorme monolithe rouge sang de 20m de haut, percé de 3 tunnels de 50m de profondeur, et surmontée d'un bâtiment en bois aux couleurs chatoyantes. 

Impossible de s'imaginer ce qu'il s'y passe derrière, on y fait la taille d'une fourmi!
Pourtant, une fois à l'intérieur de la fameuse cité, la vocation défensive du lieu disparait totalement au profit d'un agencement répondant aux besoins impériaux, et aux principes du feng shui.
Ainsi on chemine selon un axe sud nord pour découvrir un enchainement de plusieurs places monumentales. Destinées à recevoir les discours des empereurs, certaines peuvent recevoir près de 100 000 personnes! Chaque place est bordée sur les côtés est et ouest de longs batiments, tandis qu'au nord, un palais rectangulaire ferme parfaitement la place de sorte qu'on ne peut voir ce qu'il y a derrière. 

Entièrement fait de bois et recouvert de fresque bleue, rouge, verte et jaune, l'interieur y accueille un trone dans une grande et vaste pièce de plusieurs mètres de haut, dont le plafond decoré est supporté par des colonnades. C'est très aérien et élancé pour des édifices du 16e siecle fait de bois!

Plus on avance dans le complexe, plus les places sont richement ornées, et plus les palais sont surelevés. Ainsi le palais central est perché sur une triple estrade pyramidale faite de marbre blanc gravée de motifs celestes! Ce foisonnement de pierre massive d'un blanc presque immaculé est délicat et imposant à la fois. Sous le ciel extraordinairement bleu, on croirait marcher sur un nuage. 

D'ailleurs les noms des palais y contribue aussi puisqu'ils évoquent tous la légèreté et la sereinité, palais de l'harmonie, du ciel, de la pureté...
Sur chaque côté, Est et Ouest, les batiments sont percés par endroit de lourdes portes. Celles-ci ouvrent sur des allées rectilignes qui deservent d'autres palais, plus petits, plus intimistes, reservés à la cour ou au repos des empereurs et impératrices. Ce dédale de rues et ruelles encaissées entre de hauts murs est tracé au cordeau. L'ordonnancement du lieu est hautement étudié, pas une pierre, pas un dragon, pas une couleur qui ne soit là par hasard. D'ailleurs, tout l'agencement de la cité respecte une presque symétrie de part et d'autre de son axe central. Sur un édifice de ces proportions, choisir de respecter ces principes démontre à quel point ils sont ancrés profondemment dans l'ADN Chinoise.

On peut d'ailleurs tout à fait admirer cet ordonnancement depuis la colline du parc Jingshan, situé sur le flanc nord de la cité. C'est souvent là que finissent l'immense majorité des visiteurs, à la fin de leur épuisante marche sur les dalles du palais. Et il est vrai qu'avec le soleil déclinant derriere les collines lointaines de Beijing, projetant sa chaude lumière sur les milliers de tuiles dorées, c'est probablement le meilleur endroit pour saisir l'immensité du lieu, dont à peine 50% est ouvert au public!


Si on pourrait d'abord regretter qu'une si grande partie soit fermée à la visite, cela suffit finalement à contenter la curiosité. En effet, le plan symétrique en damier et l'unité des motifs et des couleurs dégage à la fois une grande harmonie reposante, mais également une très grande monotonie ! Avec des intérieurs où l'on ne peut que rarement rentrer, presque dénués de mobiliers d'époque, on peine à se projeter dans le quotidien du dernier empereur Pu Yi ou de ses prédecesseurs.

Seul le jardin classique que l'on traverse à la fin de la visite permet de s'imaginer les promenades impériales que l'on menait ici. Bien à l'ombre, on y déambule lentement entre les cyprès centenaires tordus, en contemplant les roches posées ca et là telles des oeuvres d'arts abstraites, propices à la méditation.

C'est donc surtout ses dimensions et son unité incroyable qu'on reste impressionné par ce palais, manifeste monumental d'une philosophie de vie Chinoise que l'on retrouve encore un peu dans les hutong, ces quartiers traditionnels ou les Pekinois vivent toujours aujourd'hui.


4 commentaires:

  1. Au top les loulou
    Profitez bien et surtout on veut un peu vous voir sur les photos.

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  2. Un grand merci pour votre missive qui nous a fait grand plaisir.
    Quelque part nous vous envions de pouvoir contempler tant de belles choses... Profitez en bien - Faites provision de merveilleux souvenirs.
    Grosses bises. Jacques et Odile

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  3. Un grand merci pour votre missive qui nous a fait grand plaisir.
    Quelque part nous vous envions de pouvoir contempler tant de belles choses... Profitez en bien. Faites provision de merveilleux souvenirs.
    Grosses bises.
    Jacques et Odile

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  4. Salut Le Jo, oui oui, les photos arrivent! Certains paysages sont si beaux que ne se lasse pas de les regarder

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