vendredi 6 novembre 2015

Voir les rizières en terrasse d'Asie du Sud Est

Dans les terres fertiles d'Asie du sud est, les légumes poussent avec une varieté et une quantité insoupçonnée. Mais il en est qui surpasse tous les autres, c'est le riz.
Premier maillon de l'alimentation de tout un continent, c'est par ces quelques grains que la vie prend racine et forme des communautés. Pour lui, paysans et paysannes, animés par leur tempérament laborieux, ont été capables de prouesses pour permettre sa culture. Les plus beaux exemples de cette invincible volonté rurale se retrouvent dans les montagnes qui bordent la frontière Sino Viet-Namienne, là où les coteaux abruptes sont devenus de fine dentelle verte émeraude, l'occasion de belle randonnée dans des paysages artistiques!



A cheval sur l'extrême sud Chinois et le nord du Viet Nam, un massif de moyenne montagne abrite plusieurs communautés dont les terres sont presque exclusivement composées de flancs de montagnes qui plongent dans d'étroites vallées. Avec un climat sub tropical qui arrose abondamment les lieux, et une terre rouge et grasse où tout pousse, il n'en fallait pas plus pour donner aux habitants l'envie de faire pousser du riz. Que ce soit du coté Chinois ou VietNam, les coteaux ont été patiemment travaillés à la main pour former des terrasses, on y a creusé de petits canaux pour diriger l'eau, et l'on y a élevé des buffles d'eau pour pouvoir labourer tout ça.

Cela donne un paysage surprenant, mélangeant la surface des montagnes Portugaises du Douro, avec les levadas de l'île de Madère, le tout dans la chaleur moite de l'Asie. Une randonnée dans cet ouvrage de terre et d'eau est autant reposante que photogénique.
En suivant les murs boueux des terrasses, on contemple ces multiples ondes de verdure s'éloignant du flanc de la montagne, épousant le relief, contournant les obstacles. Ce ne sont que des courbes gracieuses qui se superposent, tel un jardin de graviers Japonnais qu'une géante main aurait dessiné. Sans difficultés, la balade offre de nombreuses occasions de s'arrêter pour profiter de cette sérénité visuelle. Mais il faut également faire preuve d'un sang froid numérique pour ne pas remplir la carte mémoire de votre appareil photo! Que ce soit avant les moissons avec une infinie nuance de vert, ou après avec le reflet du soleil dans l'eau, les points de vue changent à chaque courbes et donnent de nombreuses excuses pour prendre une nouvelle photo!


Toutefois les similitudes s'arrêtent là. Même si ce ne sont que quelques centaines de kilomètres qui les séparent, les rizières Chinoises de YuanYuang et Vietnamienne de Sapa présentent des atmosphères bien différentes.

En terme d'accueil, Sapa et Yuanyang, sont les deux villes "point de chute" pour les rizières. Avec peu d'intérêts, elles reçoivent les bus et proposent de l'hébergement à foison. Si Sapa respire plus avec son cadre aéré, ce sont ses habitants qui vous étouffent.

Ici le touriste y est une marchandise coté en dollars, et les locaux en ont fait une activité aussi importante que la culture du riz. Très chaleureuses et avenantes, les femmes des communautés Hmong, Dai ou Zao, ont fait du marketing éthnique un art pour proposer aux touristes attendris toute une panoplie de services et d'accessoires. Sous le thème de l' "authentique", qui est véritable par ailleurs, et du soutien aux minorités, vous êtes rapidement encadrés et accompagnés tout au long de votre séjour. Bijoux, tissus, nuit chez l'habitant, guide, porteur, taxi, elles vous arrangent tout avec une insistance déconcertante... Si il est aisé de comprendre que le commerce est là pour faire vivre, il est dommage de constater que les prix enflent en passant par elles, et que le seul leitmotiv est celui de faire gonfler la facture par tous les moyens... Dommage.
Côté Chinois, c'est l'inverse, vous serez plutôt un anonyme, voir un sujet de curiosité que l'on observe de loin. C'est plutôt le visiteur qui dérange par ses photos, et les femmes en costume sont là pour acheter ou vendre leur gingembre, pas pour vous vendre des bracelets.

Ensuite, même s'il est différent, le tourisme de masse y est bien présent dans les deux cas, d'ailleurs l'accès y est payant selon la même formule : une seule route, et un billet à acheter chaque fois que l'on passe la barrière... En Chine ce sont des cars de Chinois bien organisés qui sont déversés sur les points de vues, tandis qu'au Viet Nam ce sont des hordes de baroudeurs occidentaux qui sautillent partout par petits groupes.
Si on apprend vite à randonner seul en évitant les tours organisés de Chine qui s'arrêtent uniquement sur les balcons en haut des montagnes, il est difficile d'éviter le nombreux groupes d'Européens qui randonnent dans la vallée et s'arrêtent tous aux mêmes endroits, dorment dans les mêmes "HomeStay". En effet, les femmes en costume faisant bien leur travail avec un anglais époustouflant, elles vous proposent leurs services "indispensables" de guide, et vous emmènent alors aux mêmes endroits que leurs consoeurs... Dans les deux cas, il est tout à fait possible de randonner seul, avec un minimum de bon sens et d'observation du terrain on arrive parfaitement à s'orienter dans les chemins qui parcourent les flancs de montagne, d'autant plus que la route avec les bus n'est jamais bien loin.

Enfin côté climat, les deux zones sont humides avec un ensoleillement très changeant en cours de journée, toutefois le ciel régulièrement dégagé et les nuits fraîches de Sapa sont agréables contrairement à Yuanyang un peu plus étouffante.

Ces fameuses rizières en terrasse, avec leur même culture, offrent donc des ambiances differentes, touristiques à chaque fois, mais avec un rapport différent aux habitants des lieux. Dans les deux cas, le meilleur conseil reste certainement de s'éloigner seul des sentiers battus pour prendre le temps d'observer chaque détail.

Conseils pratiques :
A Sapa
- Ne pas dormir chez l'habitant, à moins de souhaiter démarrer une randonnée avant l'aube. En effet, la nuit s'arrête à 4h du matin maximum quand le coq chante pendant 3h d'affilée.
- pour apprécier les rizières à votre rythme, louer un scooter, ou les services d'un moto taxi pour vous rendre d'un point à un autre et randonner par vous même est la meilleure option, que ce soit en terme de confort ou de frais. La valeur ajoutée d'un guide dans ce milieu ouvert avec peu de difficulté est faible.
- pour repartir de Sapa vers Hanoï, réservez votre transport quelques jours avant, le remplissage des bus est rapide

A Yuanyang
- les 3/4 des bâtiments de la ville sont rongés par l'humidité, ne soyez pas surpris en arrivant dans la chambre d'hôtel
- à moins de résider dans l'un des villages "point de vue", prendre un minibus depuis Yuanyang pour rejoindre les balcons ou les départs de randonnée.

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