jeudi 21 janvier 2016

Amerrir sur une autre planète aux îles Banda

Il y a des lieux sur terre qui vous transportent loin, qui vous ouvrent les portes d'autres mondes insoupçonnés. Isolés d'une civilisation lancée dans une marche mécanique et rationnelle, ils sont encore connectés à des mondes qui nous sont désormais totalement étrangers, sauf par documentaire interposé. Toutefois aucun écran ne pourra jamais retranscrire l'immersion dans ces endroits qui nous parlent de pureté, de beauté, d'harmonie quand on y pénètre. Et il en est ainsi du monde du silence aux îles Banda...



Avec un nom aux accents d'histoire de pirates, il n'y a pas besoin de carte pour comprendre que l'archipel des Banda se loge aux confins des mers de l'hémisphère sud. Isolé loin de la capitale Jakarta, perdu avant la mystérieuse Papouasie, mal desservi par des ferry capricieux, l'archipel est un confetti sur la volcanique ceinture de feu, intéressant pour rien ni personne depuis que le monopole des épices s'est éteint. Et c'est justement cette situation qui a préservé ce lieu jusqu'aujourd'hui. Né de l'océan et toujours connecté avec celui-ci, c'est une formidable porte d'entrée vers le monde sous-marin.
En effet, surgit là par de capricieux mouvements de croute terrestre, l'archipel des Banda est comme épinglé sur l'océan, telle une plate forme au dessus de l'immensité bleue, formant un observatoire privilegié du monde du silence. Sans filtre, sans altération, sans distance, un masque et quelques brasses suffisent au terrien pour entrer dans cet autre monde tel qu'il a été créé.
Car tout aussi terrestre que nous le sommes, le monde sous marin reste un lieu à part qui a conservé, dans ces rares endroits, ce que nous avons souvent perdu depuis bien longtemps en surface.

La pureté! Certainement ce qui frappe immédiatement dès que l'on y pénètre, c'est la pureté des éléments. Sans particules, sans voile, malgré la houle et le sable de la plage, la mer offre aux Banda un environnement d'une pureté à couper le souffle. On y voit à 30m sans aucun problème, et seule la buée du masque nous empêche de voir plus loin. Un monde sans pollution, c'est clair, c'est limpide, cela laisse passer la lumière, et la lumière révèle la beauté.

La beauté! Certainement un indice révélateur de la beauté, est cette stupéfaction qui empêche de savoir par où commencer pour la décrire. Je ne sais tout simplement pas par où, par quoi démarrer pour décrire la Beauté du récif corralien des îles Banda.


La profusion de coraux est telle que parler de forêt est tout à fait approprié. Non seulement parce qu'ils recouvrent une immense surface de manière ininterrompue, mais aussi parce que leur croissance sans entrave a créé de véritables massifs qui s'élèvent en hauteur, formant de petites collines, d'étroites gorges, voire même des ponts naturels! A 4m de fonds, le ventre au ras de leur branche, on zigzague avec précaution au milieu des bouquets fragiles comme du verre. C'est l'émerveillement devant tant de diversité. Telle la jungle luxuriante et ses miliers d'essences, les coraux se déclinent sous une débauche de couleurs et de formes.


Des branchages aux ramures tantôt épaisses tantôt fine comme de la dentelle, des bourgeons, des cônes, des domes lisses ou granuleux, des plateaux, des champignons, des drapés, et d'autre formes encore que seul le latin est capable de traduire!
Heureusement, parler des couleurs est chose plus aisé puisqu'on y trouve toutes les nuances de l'arc en ciel! Un camaïeu de tons verts domine de grands massifs telles de grosses touffes d'herbes minérales, de chaudes tonalités jaunes et brunes cotoient des bleu topaze, des roses et des pourpres scintillent avec leurs reflets argentés, tandis que des rouges détonnent ça et là.
Bien sûr, tout cet enchevetrement qui se cotoie, se superpose, fusionne parfois, est en vie! Non seulement parce que le corail est un animal au sens biologique, mais parce qu'il fourmille de poissons multicolores.


Si tenter de traduire la beauté des coraux était chose complexe, traduire celle des poissons est tout simplement impossible tant les dizaines d'espèces rivalisent de fantaisie pour s'auto proclamer la plus somptueuse de toutes. Jaunes, bleues, turquoises, chocolats, noirs, blancs, gris, argents, oranges, rouges... Une espèce pour chaque couleur, ce serait trop facile! Il y autant d'espèces qui combinent deux, trois voire quatre couleurs ensemble! Et autant d'espèces pour chaque formes! Rond, triangulaire, plat, ovale, avec un bec, en forme de trompette et ainsi de suite...
On comprend aisément comment Cousteau a pu succomber aux chants des sirènes et dédier sa vie à l'exploration des fonds marins.



L'harmonie. Si un concours était organisé à ce sujet, la nature devrait sans aucun doute être la gagnante incontestée. Dans le monde sous marin qui s'ouvre aux pieds des îles Banda, la vie sous marine toute entière est harmonieuse.
Les coraux prolifèrent sous un radieux soleil, les poissons y trouvent refuge, les tortues y broutent paisiblement avant d'aller pondre sur la plage, les thons et les barracudas chassent, et sont eux-mêmes prélevés par l'homme dans des quantités raisonnables pour la subsistance des îles. Et ainsi s'écoule l'harmonieux quotidien.






Plonger aux Banda, c'est un voyage dans l'espace et dans le temps. C'est aller dans ce monde liquide qui nous est si inconnu alors qu'il nous entoure. C'est revenir aux temps de la création pour découvrir la beauté originelle si variée de notre planète. C'est tout autant époustouflant de la contempler aujourd'hui, qu'émouvant de penser au sort que nous lui réservons...
 

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