jeudi 10 mars 2016

5 jours à tuer à Bali

Bali, c'est LE nom de la destination phare de l'Asie du sud-Est. On entend ces 4 lettres sur toutes les lèvres de voyageur en quète de soleil, de farniente, de plongée, de fêtes, de culture, de paysage... Le tout pour un prix défiant toutes concurrence!  Mais y a t-il vraiment tout cela à Bali?
En fait, l'île est si vaste qu'elle offre même plus! Oui mais voilà, ici le tourisme de masse atteint des sommets, et trouver son bonheur se révèle une vraie expédition! En tout cas, c'est ainsi que nous avons perçu notre expérience Balinaise, dernière étape d'un voyage de six mois...


Préambule : Bali n'a rien d'une petite île aisée à découvrir par ses propres moyens. Avec ses volcans, ses cours d'eau qui strient les montagnes, ses villes ultra modernes grouillantes, ses villages mal indiqués, et ses routes en lacets, le lieu ne se livre pas facilement!

Ahmet, camp de base sur la côte Nord

L'hébergement à Bali n'a rien de simple. L'offre est sans limite, en nombre, en catégorie, en prix, avec du beau, du calme, du sale et du bruyant. Renseignements pris auprès de connaisseurs avec qui nous voyagions aux Moluques, la côte Nord de l'île offrirait un bon compromis entre calme, qualité des logements, paysage et sports aquatiques. Avec un aéroport situé au sud, le nord et ses 3h de route pour y parvenir est effectivement épargné des hordes touristiques. Pourtant les amateurs de plongée connaissent bien le coin, reputé pour ses quelques épaves notamment. Il n'en fallait pas plus pour attirer une ribambelle d'hôtelliers et de restaurateurs pour loger et nourir les plongeurs à la sortie des nombreux clubs. Il en résulte une route côtière desservant un kyrielle d'établissements tous agglutinés les uns à côté des autres. Au bout de la route, les terres non construites portent des écritaux "à vendre", pour y construire le prochain hôtel. La vie locale a bien sûr pris le virage lucratif du tourisme, et l'on peine à s'imaginer autre part que dans un immense centre de vacance occidentale.

Découvrir l'invisible

Sur les conseils des clientes Russes, nous partons voir Ubud, la fameuse Ubud, berceau de tout ce qui rend la culture Balinaise si attractive. Avec une introduction comme cela, impossible d'y résister. Notre hôtelier nous loue un scooter et nous voilà partis sur les lacets de l'île.
Fort vert, le paysage de la facade nord est accidenté et forme une côte déchiquetée recouverte de végétation et de culture, un air de Madère. Dans les terres, les villes et les villages se succèdent régulièrement, tous bâtis de la même manière. Des maisons individuelles ou des ensembles de bâtiments en béton brut qui abritent de petits ou de grands temples pour honorer les ancêtres. Plus interessant que l'architecture locale, le paysage dans les terres alterne petites rizières en terrasse et forêts denses, le tout épousant le relief tourmenté du lieu. Quelques hauteurs ménagent de beaux points de vue sur la mer, ce qui nous permet de nous reposer à plusieurs reprises au cour de ces 3h de trajet! 75km en 3h!
Arrivés à Ubud, la balade dans la ville n'arrive pas à effacer les 6h de trajet A/R... Dans une plaine densement peuplée, et cernée d'agglomérations, la ville d'Ubud est supposément un centre pittoresque de la vie Balinaise, mélant art, folklore et spiritalité.
Nous y croisons des cars entiers de touristes qui achètent des décapsuleurs en forme de phallus avant d'aller manger une cuisine "fusion" dans l'un des innombrables restaurants à touristes qui pullulent le long d'une route encombrée de véhicules. 3h dans Ubud, ce n'est probablement pas assez pour voir la "vraie" Ubud, qui doit cacher ses secrets bien à l'abri des touristes d'un jour...
Nous rentrons de nuit sur une route non éclairée et sommes satisfaits de rentrer intact à défaut d'avoir découvert les secrets Balinais.




Ambiance balinaise

Loin de rester sur l'image un peu fade de Ubud, nous décidons d'aller découvrir le coeur religieux de l'île. La religion, c'est sacrée, c'est ancien, donc ca doit être authentique! Nous voilà repartis en selle pour 3h de route interminable sur ces lacets qui franchissent péniblement côtes et ravins qui froissent le paysage verdâtre. A mi-chemin, nous décidons de faire halte à la faveur d'un rassemblement d'au moins 500 scooters arrêtés proches d'une grande batisse carrée. Curieux, nous nous dégourdissons les jambes et tombons en plein combat de coqs!
GasalGasalGasalGasal! Par centaines, debout dans des gradins surplombant une fosse, la horde d'hommes hurle un chant deux tons la main droite en l'air, tandis que les coqs sont subitement lachés et s'étripent jusqu'à la mort ! Les billets fusent dans toutes les directions, les "ola" accompagnent chaque pirouettes des volatiles armés de leur éperon mortel, et le silence se fait quand le malheureux propriétaire du coq perdant vient ramasser son champion maculé de sang. C'est poussiéreux, c'est fiévreux, c'est sanglant. La vie locale à l'état brute. Dehors des cochons étripés nourissent les parieurs le temps d'une pause dans les combats qui se succèdent. Nous préférons les brochettes de... poulet (?) et continuons notre route.






Arrivés à Besakih, nous pensons arriver aux confins du calme et de la volupté. En réalité nous arrivons à Châtelet-les-Halles où chaque local tente sa chance pour nous soutirer quelques billets.
A l'entrée de la ville, péage à touristes, il faut payer pour accéder aux temples, et payer aussi si l'on veut simplement randonner sur le volcan. Bon, nous acquittons le prix d'un billet pour le temple et nous grimpons sur la grande route qui mène à l'édifice. Impossible de se garer le long de celle ci sans se faire harponner par un local sorti de nul part pour nous demander un billet! Finalement garé sans frais, les habilleuses sont sur mes talons!
- Monsieur, vous êtes en short c'est interdit, veuillez porter un sarong autour de votre taille!"... Tissu en location bien sûr...
Immédiatement après, les guides nous tombent dessus.
- Vous voulez voir le temple? Impossible pour un non balinais, sauf si vous êtes accompagnés d'un guide...
- Mais pourquoi ai-je acheté un billet en bas alors?
- C'est comme ca. Il vous faut payer un guide maintenant. Le seul endroit visitable est ce temple à droite de l'escalier principal"
Vérification faite, le temple en question est en travaux et encombré de perceuses et d'ouvriers. Un coup d'oeil alentour nous montre que plusieurs occidentaux sont aussi dubitatifs face à l'accueil. Nous voilà en bas des temples, où l'on ne voit rien sinon les guides qui vous regardent d'un oeil méprisant puisque nous refusons leur proposition. Quelques minutes d'observation nous apprennent que l'on peut finalement faire le tour du complex par un discret escalier qui part à gauche du temple.
Bye bye les guides insistants, nous pouvons contempler les temples Balinais par dessus les petits murs d'enceintes qui les entourent. Dans les volutes d'encens, chargés d'offrandes de fleurs, les fidèles de tous âges marchent en procession chantantes parmi les tours grises et effilées qui s'élèvent en tous sens.
Que d'activité dans ces multiples temples qui dominent tout le coeur de l'île! Dommage que le ciel chargé de nuage gris nous prive d'une belle lumière pour éclairer cette ferveur multicolore.
Nous rendons le Sarong loué et repartons de la montagne sacrée jusqu'à la côte...






A hauteur de Bebandem, une chocolaterie est recommandée pour sa production locale. En effet, des fèves de cacao sont produites ici, et donnent un chocolat qui ressemble... à tous les chocolats... Nous le dégustons sur une digue flambant neuve bordée de complexes de luxe, tantôt cachés dans la végetation, tantôt énormes et visible de tous.

Voilà, dans un endroit totalement isolé que l'on croirait intact au premier abord, un paysage hôtelier où les sexagenaires en monokini tannent leur cuir retraité au bord de la piscine, transformant Bali en un immense centre de thalassothérapie à cet endroit. Un peu plus loin, la clientèle change, ce sont de jeunes trentenaires en quête de fonds marin qui transforment la côte nord et les alentours d'Ahmet en un immense centre de plongée bordé de resort et de restaurants à touristes. Tandis qu'au sud ce sont des bancs de jeunes Australiens qui transforment les plages en une immense beuverie. Finalement au centre il reste Ubud, où les étals du marché pittoresque offrent par milliers le souvenir incontournable, "l'ouvre-biteille", l'ouvre bouteilles en forme de Phallus.
Dans cette grande île Club Med qu'est Bali, la probabilité d'être aspiré par l'industrie touristique est plus qu'inévitable, et bien plus forte que celle de rencontrer la vie traditionnelle Balinaise !

1 commentaire:

Merci pour votre mot!
Thank you for your message!