vendredi 16 octobre 2015

L'île d'Olkhon, ou le XXIe arrondissement en Sibérie


Si le mot Transsibérien rime systématiquement avec Lac Baïkal, ce dernier rime bien souvent avec île d'Olkhon. En effet, Irkoutsk étant un point de départ éloigné pour voir les rives du lac, se rendre sur cette île au nord d'Irkoutsk constitue une option tentante pour vivre quelques jours au plus proche de cette mer intérieure dans un environnement sauvage.

Et c'est probablement cette promesse que suivent les visiteurs. Etre sur une île, au bout de la route, peuplée de quelques hameaux en bois où reste une poignée d'habitants vivant de la pêche, l'aventure sibérienne en vraie.
Rien que le trajet pour s'y rendre donne déjà un avant goût de bout du monde : 6h de minibus, un trajet en bac, des pistes poussiéreuses et chaotiques qui vous secouent en tout sens, cette île se mérite! Mais qu'en est-il vraiment? Et d'ailleurs à quoi ressemble t-elle cette île ? En tout cas à ce stade, ce qui est familier, c'est le nombre de touristes dans le minibus complet qui vous emmène là-bas!

Arrivé devant l'île, on découvre sa physionomie rude et austère. Olkhon est un cailloux séparé du continent par un détroit de 500m, de forme allongée, sa longueur est de presque 100km et sa largeur maximale est de 30. Sa rive ouest est parallèle à la terre ferme, et forme ainsi avec le continent une sorte de très large chenal appelé la petite mer. C'est de ce côté que se sont installés les quelques villages car le terrain, couvert d'une herbe rase, y descend en pente douce jusqu'à la mer. Au centre, l'île est traversée dans toute sa longueur par un massif de 500m de haut, recouvert d'une épaisse forêt de sapin qui s'étend jusqu'à la rive Est, formée par une falaise abrupte qui tombe à pic dans la grande mer, l'immense partie centrale du lac Baïkal.
Une fois sur l'île, le trajet mouvementé reprend de plus belle. Pas d'arrêt sur le trajet, tout le monde se rend au village de Khoujir, le plus important de l'île. On regarde coté gauche défiler le paysage sobre. De l'herbe à perte de vue qui fini parfois sous forme de petite plage dans le lac, avec en toile de fond la terre ferme recouverte de foret. Pas d'habitants dans les patûres, pas de randonneurs, peu de bateaux sauf de vieilles barges à moitié engloutie... Si le ciel est bleu, on admire les contrastes de couleurs, si le temps est gris, c'est l'heure pour les dépressifs de prendre une paire de Xanax. Bon, après tout nous sommes en Sibérie, nous ne sommes pas venus voir des palmiers!

Arrivé à Khoujir, tout le monde descend! Dans la poussière des rues en terre battue, au milieu des chiens errants et des side-car fumant, on découvre finalement un gros bourg aux maisons de bois avec quelques commerces de proximité. C'est l'heure de trouver son lit!

Le choix des hébergements pour les voyageurs au long cours n'est pas vaste. On y lit dans les guides qu'un certain Nikita a développé une pension qui offre la majeur partie des lits de Khoujir aux voyageurs. Quelques autres pensions à petits budgets s'y trouvent également. Plutôt que faire toujours travailler les gros, c'est donc l'occasion de faire travailler le petit commerce, allons voir ces petites pensions! Une chambre désuète sans lit double, des sanitaires situés à 100m dans une cabane sans eau chaude. Après plusieurs jours de transsibérien spartiate sans douche, et avec la fraîcheur qui règne ici, on hésite à rester chez cette sympathique mamie, et on va donc comparer avec la pension de Nikita... 
Nikita, on ne peut pas le louper. Situé à l'extremité d'une grande rue, le grand complexe de bâtiment en bois est recouvert de panneaux en toutes langues. Un accueil Russe, Anglais, Chinois, Français et certainement d'autres langues encore, est ouvert à l'entrée. La réceptionniste aigrie nous rappelle que c'est presque complet, il y a plus de 100 hôtes actuellement, c'est presque 10% de la population de la ville !  Du dortoir aux chambres avec sanitaires et eau chaude, tout type d'hébergement est offert, la pension demi-complète ou le restaurant vous offrent de quoi vous restaurer. On peut payer en carte bleue sans problème et vous pouvez même avoir Internet... pour 50 roubles de l'heure... Efficace, un vrai service à l'occidental! Et on ne croit pas si bien dire!

A peine le paiement effectué, on tombe nez à nez avec Nikita, polyglote et très francophile, il adore Joe Dassin, Adamo, Mireille Mathieu! Incroyable, 2mn de conversation plus tard nous chantons en duo "Et si tu n'existais pas" ... Une fois la chansonnette terminée, une jeune femme Française nous guide dans nos chambres, elle vient en vacances gratuitement ici tandis qu'elle donne un coup de main à Nikita. Elle nous oriente ensuite vers Jean-Jacques pour consulter les excursions disponibles demain. A la recherche du Jean Jacques, nous croisons plusieurs voyageurs parlant la langue de Molière qui nous disent l'avoir vu près du restaurant, "le bistrot Français" ! Toujours sans succès, nous repartons en croisant une dizaine de quinquagénaire chinois en goguette qui viennent d'arriver, vetus comme sur les Champs-Elysées, vision surprenante ici! Un air de déjà vu...

La recherche étant infructueuse nous décidons de faire notre excursion nous-même le lendemain, après tout, nous savons randonner par nos propres moyens! Et la perspective de partir pendant une journée complète entre les rafales de reflex Nikon, n'est pas encourageante.
Armé d'un sac, d'une carte et de vélo tout terrain, nous voila donc parti en rando sur l'île. Randonnée qui se transforme plutôt en treck vu la nature du terrain... En vélo coté ouest, les pistes de terre sont défoncées et barrées par de larges ravines abruptes. A pied côté est, la foret est dense et escarpée, il y a peu de sentier tracé et aucun balisage. Y aller sans carte, boussole, torche, et 3 litres d'eau est presque dangereux. Malgré ces précautions prises, nous rentrons de nuit après 8h d'expédition, sans avoir trouvé notre but. A pied ou à vélo, sans connaitre les subtilités des pistes, on avance lentement et on ne découvre que les environs direct de Khoujir, difficile d'aller plus loin... Sans passer par les excursions organisées par Nikita...


Aller à Olkhon, c'est donc pour beaucoup de voyageurs aller au Club Nikita, pour y dormir, y manger, y faire les excursions, y rencontrer les Français qui travaillent ou voyagent ici, croiser des bus de touristes asiatiques avec leurs bagages à roulettes. Et si ce n'est pas chez Nikita, ce sera au Baikal Hotel ou l'un des flambants neufs complexes qui se construisent. C'est confortable, c'est organisé, c'est la Sibérie touristique. C'est la Sibérie pratique pour certains, c'est la Sibérie peut-être pas très authentique pour d'autres. Mais avec si peu d'infrastructures, c'est encore aujourd'hui l'un des rares choix disponible facilement pour s'éloigner des sentiers battus.




Nikita à Olkhon, conseils pratiques : 

- la chambre double 11A est probablement celle qui a la meilleure vue sur le lac. La chambre triple 11G a une belle vue également. Les deux partagent leurs sanitaires.

- jusqu'au 10 septembre les arrivages de touristes sont fréquents surtout si le temps est beau, Nikita peut alors afficher complet! 

- lave linge disponible pour 150roubles le kilo de vêtements

- Internet accessible pour 50RB/h ou 100RB/3h, avec un débit assez bas toutefois

- l'excursion pêche est peu être l'une des plus complètes. Superbe point de vue, traversée du centre de l'île, découverte de la grande mer depuis une barque à moteur d'où l'on pêche, et dégustation du poisson sur place. Les phoques étaient également de la partie le jour de notre sortie! 

- prenez vos billets de bus retour pour Irkoutsk directement chez les transporteurs, vous économiserez 50 à 100 roubles par billet par rapport à une réservation chez Nikita (ex: 40 Ul Lesnaya)

- même si on peut payer en CB sa chambre, mieux vaut avoir suffisamment de liquide en arrivant sur l'île pour se payer bouteille d'eau, sandwich, location de vélo...

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