mercredi 14 décembre 2016

Immigrer ou pas ? Bilan de 8 mois à Vancouver

Si immigrer est toujours un processus laborieux, cela n'a probablement jamais été aussi fréquent dans les contextes actuels. Sans parler de mode, on pourrait presque parler d'une tendance de fond qui touche la génération Y. Horizon professionnel bouché, premier boulot sans saveur, insécurité, tensions sociales sur-médiatisée, si tous ne franchissent pas le pas, beaucoup y pensent parce que là-bas semble bien mieux que chez soi. Et puis dire "en 2017, je pars vivre à ..." donne aussi le sentiment d'être libre, de profiter de la vie sans regrets, de faire les choses différemment des autres...


Pourtant partir n'est pas une finalité, ni une réussite, et encore moins une bonne idée si on fuit quelque chose. Partir c'est juste l'impulsion pour aller chercher, construire quelque chose, c'est le début de quelque chose de nouveau qu'il est difficile d'appréhender à distance : le challenge de créer une vie quotidienne épanouie là bas. Et seule l'expérience passée sur place vous permet de comprendre si vous y arriverez dans le temps !

C'était l'objectif de notre année 2016 à Vancouver, faire l'expérience de la vie au Canada, bilan. 

Les atouts de Vancouver :

  • Une qualité de l'environnement incomparable. Air pur, eau limpide, pollution discrète (pas inexistante), rendent le cadre de vie agréable.
  • La proximité avec une nature grandiose qui permet de profiter d'activités en extérieur sans fin. Mer, plages, montagnes, forêts infinies, sont accessibles dans un rayon de 2h.
  • Des commerces serviables, des habitants polis, une petite délinquance presque inexistante, peu de bouchon, peu ou pas de grève, des tensions sociales discrètes.
  • Une grosse ville aux allures de petite. La taille modeste du centre ville, les commerces regroupés à quelques blocs les uns des autres, font de Vancouver un lieu facile à adopter.
  • Des entreprises qui donnent leur chance aux nouveaux venus motivés quel que soit leur expérience.



La réalité d'une ville pas comme les autres :

  • Pour l'immense majorité des habitants, le coût de la vie est tout simplement trop élevé pour profiter de ce que la ville a d'incroyable à offrir. Mensuellement, 1300 C$ pour un appartement une pièce pas trop mal placé, 150 C$ d'assurance automobile, 40 C$ pour le forfait téléphone de base... 60 C$ pour la carte de transport, 500 C$ minimum de courses à 2... le tout sans internet, sans essence, sans sorties. Pour avoir une idée du budget nécessaire, ce site vous donnera des ordres de prix actualisé. De manière générale, gagner moins de 2 000$ soit environ 15$/h en temps plein, permet de payer ses factures mais ne permet pas de profiter beacoup de la ville et de ses activités.

  • une spéculation immobilière hors de contrôle qui fait la Une des journaux chaque semaine, et qui a aboutit à l'impossibilité d'acheter son toit pour l'immense majorité des habitants. A 800 000 C$ en moyenne la transaction, à 1,5MC$ le coût moyen d'une maison individuelle en bois bonne à refaire, pas simple de se voir octroyer un prêt avec son salaire, quand avoir une carte de crédit nécessite déjà une analyse de votre dossier. Une loi votée à l'emporte pièce en juillet 2016 à vocation à limiter la hausse, mais quant à parler de baisse...
  • la situation géographique de Vancouver, superbe mais isolée. A l'ouest l'océan, au nord les forêts à l'infini, à l'est la première grosse ville est à 12h de route, au sud Seattle et Portland aux États-Unis. On fait et on refait les randonnées de la région... Difficile de s'échapper à deux heures d'avion pour un weekend qui change. Non seulement à deux heures il n'y a rien de différent, et les prix de Air Canada sont très dissuasifs...
  • la météo estivale classiquement maussade qui permet de profiter de l'extérieur pendant 3, voire 4 mois selon les années, n'efface pas le lourd tribu à payer pendant les longs mois d'hiver, sombre et pluvieux.
  • Une campagne marketing mondiale pour attirer une main d'oeuvre qualifié de toute la planète. Les immigrés se retrouvent confronté à un marché du travail très compétitif, voir orienté, puisque non seulement il y a déjà de nombreux Canadiens prioritaires qui viennent depuis d'autres provinces, mais aussi parceque le pays "oriente" la nouvelle main d'oeuvre vers les emplois dont elle a besoin :

Pourquoi on ne prolonge pas l'expérience ?

Tout simplement parce que notre profil et nos projets ne collent pas au tempérament de la ville.

Louer un petit appartement bien isolé, envisager d'acheter dans quelques années, partir en weekend découvrir une autre ville, profiter des terrasses de café, faire quelques concerts et des expo variées... ne rentre pas naturellement dans le style de vie de Vancouver.
Le style de vie local est plutôt, vivre en colocations dans un appartement pas toujours entretenu, économiser pour pouvoir se payer un billet d'avion pour Hawaï ou le Mexique afin d'avoir du soleil en hiver, faire des rando chaque weekend, un peu de ski en hiver selon ses moyens, voir des matchs de hockey du haut des gradins, profitez de la quasi légalisation de la marijuana ou boire des Moccachino chez Starbucks derrière son ordinateur.

Bien sûr tous les habitants ne vivent pas ainsi, mais c'est la tendance générale qui rythme la vie des jeunes gens ordinaires. A chacun d'y voir si son mode de vie pourrait correspondre à la situation.

Il faut bien garder à l'esprit que l'endroit fait pour soi n'est pas celui qui fait le plus de pub dans les magazines hebdomadaires ou les classements de "ville où il fait bon vivre" ! On ne vit pas dans des tableaux et des graphiques qui mesurent l'indice de richesse par habitant, le ratio de cadres sup homme/femme, ou le nombre de véhicules électriques ! On se plait aussi et surtout dans un lieu où ses passions se transforment en job, où ses rencontres deviennent des amis, où ses projets d'installation, de famille prennent forme etc.

Pour qui la ville est faite alors ?

De manière générale, les profils d'immigrés suivants s'épanouissent plutôt bien à Vancouver. Sportifs, entrepreneurs, talents, la ville recèle de quoi les faire vibrer au quotidien :
  • Les fans de sports qui vivent pour et par leur passion. Vélo de montagne, ski extrême, backcountry, pêche à la mouche, escalade, kayak de mer... ici le sport est une religion, et les passionnés peuvent en vivre.
  • Les accrocs de nature sauvage et sans limite, qui se sentent épanouis, seuls au coeur d'une forêt à 5h du premier bâtiment, trouvent ici un eden de solitude très facilement.
  • Les investisseurs, entrepreneurs qui viennent avec des idées et/ou des fonds, trouvent ici une province orientée business où beaucoup d'argent circule.
  • Les étudiants qui souhaitent avoir une expérience à l'International et perfectionner leur anglais, ou les jeunes diplômés qui galèrent en France pour leur premier boulot et qui souhaitent enrichir un CV.
  • Les spécialistes, ayant une compétence précise et pointue que peu de profils ont. Le Canada est friand de ces talents. Entreprises et administrations déroulent le tapis rouge en terme de rémunération et d'immigration pour les faire rester.

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